Une histoire commune qu'on peut revivre à pied
La traversée "Refuges du Torb" propose au participant un parcours de scène d’épisodes de notre passé, qu'il est bon et joli à se rappeler.
Pour commencer ces trois régions, le Ripollès, le Vallespir et le Conflent, et tout le parcours de la traversée, qu’ont partagé des seigneurs et comtes pendant quelques siècles de notre moyen-âge. Avant que la Catalogne devienne une réalité nationale, les comtes de Cerdagne, sous le domaine desquels se trouvaient entre autres territoires, la vallée de Ribes, sont également seigneurs du Conflent, comptant déjà au IX siècle sur des collaborateurs militaires, les vicomtes de Conflent. Un membre de cette famille vicomtale du Conflent est l’évêque d’Urgell, Sant Ermengol (1010-1035) qui, à part son métier épiscopal, qui affectait la vallée de Ribes, avait sur ce territoire, à titre particulier, différentes propriétés, à Ventolà et à Ribes.

La vallée de Ribes et le Conflent présentent une relation encore plus étroite et plus continue sur un aspect peu connu, mais essentiel pour comprendre l’économie et la façon de vivre dans la montagne. L’élevage. Le XV siècle, époque de grand progrès de l’élevage, lorsque les bouchers de Barcelone s’intéressaient pour l’approvisionnement de bons produits pour les marchés de la ville comtale, et achetaient de la viande du Conflent et de la vallée de Ribes, une alliance stratégique a été établie entre les grands pâturages et les bergers de Coma de Vaca (Queralbs) et les pâturages de Vinçà à Conflent. Il a été accordé que ceux de Queralbs seraient d’accès libre et gratuit pour ceux qui avaient des leurs troupeaux paissant à Vinça. Par conséquent, le contact entre les bergers et les troupeaux de cette région avait souvent lieu dans les paysages que contempleront les participants de la traversée. Parmi de nombreux exemples, l'itinéraire que cette traversée pour propose aujourd'hui, a été utilisé par les bergers et les animaux de Prats de Molló qui avaient un droit de pâturage à Planoles jusqu’au moins en 1639. Nous ne pouvons pas non plus oublier la survie aujourd’hui d’anciennes traditions de bétail comme le choix des mules d’Espinavell, si connue et fêtée par les villes de Molló et de Pi.

D’un autre côté, la relation humaine et économique n’est pas si rompue comme il le semble suite au Traité des Pyrénées (7 novembre 1659) qui supposa l'annexion à la couronne française de tout l'ancien comté du Roussillon et d'une partie de la terre et du comté de la Cerdagne, la vallée de Ribes et la vallée de Camprodon étant sous la juridiction espagnole. Il y a de nombreux exemples à tous les niveaux qui démontrent que la frontière ne bloque pas la relation humaine ni fait perdre les chemins de transhumance ni les itinéraires des pèlerins qui, depuis Pi, par exemple, se rendaient à Nuria. Car au-delà des frontières politiques et administratives, il y a et il y avait, à part la relation humaine et économique, un lien très fort, conféré par la propre montagne, et la flamme et la force mythique créée par le côté légendaire et les croyances religieuses liées à deux cimes emblématiques, le Canigó et le Puigmal.
L’abbé Oliba, dont on a fêté en 2008 le millénaire, fut le constructeur de ce pays de montagnes, à travers d’ambitieux projets des monastères de Cuixà et de Ripoll, mais également, à échelle plus petite, pour la création de pettes paroisses rurales comme celle de Sant Marcel de Planès à Planoles, que le propre Oliba consacrait, donnant ainsi un semblant de physionomie architectonique au pays, celui roman, source de valeurs qui ont été également partagées et que nous mettons actuellement à jour. Une fondation, celle de Sant Miquel de Cuixà, au Canigó, l’autre, celle de Sant Marcel, au Puigmal.
La vitalité des Pyrénées légendaires, investiguée par l’abbé Jacint Verdaguer, récupère un matériel poétique extraordinaire, traduit dans son poème Canigó (1886) où figurent une bonne partie des mythes du Puigmal et du Canigó : l'abbé Oliba, les comtes de Cerdagne, Nuria, etc. Verdaguer et leur poésie apportent l’orgueil d’appartenance à la communauté des Pyrénées et la défense et mise à jour de valeurs qui ne se voient pas, non seulement comme partie du passé, mais comme proposition universelle de présent et futur : les Pyrénées comme une référence de paix, amour à la nature, solidarité et sensibilité, et maintenant et aujourd’hui, comme un espace d’union des villages qui profitent de loisirs et de sport.
Aujourd’hui, nous actualisons ces valeurs avec les chemins, où à une autre époque, passaient des bergers, troupeaux, soldats et pèlerins à Nuria, Coma de Vaca, Ulldeter et Rojà.
Miquel Sitjar i Serra
Philologue et guide touristique